Alors que les grands-parents d’Emile sont en garde à vue, le père Claude Gilliot, prêtre du garçon, s’est suicidé après une rupture brutale avec la famille et l’Église, laissant une simple lettre d’adieu.
Il ne dormait plus. Depuis des mois, le père Claude Gilliot, dominicain respecté et ancien professeur d’université, vivait dans l’ombre d’un scandale familial et d’une douleur silencieuse. Le 15 mars dernier, ce prêtre discret, autrefois si proche de la famille du petit Émile Soleil, a mis fin à ses jours dans son appartement. Il avait 76 ans. Un drame qui survient alors que les grands-parents d’Emile viennent d’être placés en garde à vue pour homicide volontaire et recel de cadavre.
Dans une lettre d’adieu poignante publiée par le site Paris Match ce lundi 24 mars 2024, il écrit simplement : « Prévenez ma sœur. Dites-lui que je l’aime, mon beau-frère, je les aime. L’amour seul compte. Annoncez l’Évangile. » Peu avant, le prêtre avait échangé des insultes avec le grand-père du petit garçon décédé.

Suicide du prêtre Claude Gilliot : une photo de la famille Soleil qui a tout changé
Tout semblait pourtant lier ce prêtre à la famille Soleil. C’est lui qui avait baptisé le petit garçon, disparu en juillet 2023 dans les Alpes-de-Haute-Provence. À Aix-en-Provence, Claude Gilliot célébrait la messe à la chapelle des Pénitents gris, où il officiait selon des rites traditionnels. Les parents et les grands-parents d’Émile y formaient le noyau de la chorale. Une proximité presque fusionnelle, brisée net par une simple photo.
Ce cliché, transmis par le prêtre à la presse, représentait Émile et ses parents. Geste anodin ? Pas pour la famille, qui s’en est sentie trahie. Elle l’a immédiatement exclu, boycottant la chapelle. Le conflit est allé crescendo : échanges d’insultes avec le grand-père, désormais en garde à vue avec trois autres proches dans le cadre de l’enquête sur la disparition de l’enfant.
La sœur du prêtre, Claudine Vandenbroucke, livre un témoignage sans détour : « J’en veux énormément à la famille du petit Émile, parce que je pense que tout est parti de chez eux. » Derrière la colère, une immense détresse : Claude Gilliot s’est retrouvé isolé, rejeté par ceux qu’il considérait presque comme sa famille.

La lettre de suicide laissée par le prêtre Gilliot (information Paris Match)
Mis à l’écart par l’Église, ignoré par son évêque
À cette douleur s’est ajoutée une autre blessure, plus institutionnelle. Le recteur de la chapelle lui a demandé de partir. L’évêque d’Aix-en-Provence, Mgr Christian Delarbre, ne lui a confié aucun autre ministère. Privé de messe, privé de sa vocation, Claude Gilliot ne s’en est jamais remis. « Ce qui le minait, c’était d’être passé devant le conseil de l’ordre », explique sa sœur. « Il a demandé à avoir un rendez-vous avec l’évêque ; il n’a jamais donné suite. »
Le prêtre s’enfonce alors dans le silence. Plus de messes, plus de chorale, plus de village. L’homme érudit, islamologue reconnu, se referme. Le 15 mars, les gendarmes appellent sa sœur : il a mis fin à ses jours par absorption massive de médicaments. Il laisse une lettre, courte, déchirante, dans laquelle il demande simplement qu’on prévienne sa sœur. « Dites-lui que je l’aime. Mon beau-frère, je les aime. »
Les obsèques du père Claude Gilliot ont eu lieu le 24 mars, dans une atmosphère pesante. Sa lettre résonne comme un testament spirituel, une supplique simple, à contre-courant du vacarme judiciaire et médiatique qui entoure encore l’affaire Émile.
Marie France, magazine féminin