Les temps sont durs pour les humoristes indiens

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Des policiers sont assis devant The Habitat (où s’est produit Kunal Kamra), qui a été saccagé par les partisans d’Eknath Shinde, vice-ministre en chef du Maharashtra, à Mumbai (Inde), le 26 mars 2025. FRANCIS MASCARENHAS / REUTERS

Rire des hommes politiques et de la religion est devenu un exercice à haut risque pour celles et ceux qui montent sur scène en Inde. Les milieux d’extrême droite et les nationalistes n’hésitent pas à lancer de violentes ripostes en ligne ou des poursuites.

Rire de la religion ou des hommes politiques dans « la plus grande démocratie du monde » est périlleux. Kunal Kamra, un humoriste indien de 36 ans, connu pour ses sketchs acerbes contre la classe politique et les puissants, est désormais sous le coup de trois plaintes notamment pour diffamation et abus de pouvoir. Elles émanent de la police, d’élus et de membres d’une formation d’extrême droite, le Shiv Sena, allié au parti au pouvoir de Narendra Modi, le premier ministre indien qui, il y a peu, se gargarisait d’aimer la critique, « l’âme de la démocratie », selon lui.

La seule faute de M. Kamra est d’avoir moqué, sans le nommer, le numéro deux du gouvernement régional de l’Etat du Maharashtra, et ancien chef de gouvernement régional, Eknath Shinde. Dans une chanson parodique, il s’amuse du « gaddar », « le traître », en référence à sa spectaculaire trahison en 2022. L’élu avait lâché son parti, s’associant à celui de M. Modi pour prendre le pouvoir au Maharashtra. Depuis, l’opposition désigne régulièrement M. Shinde par le surnom « Gaddar ».