Emmanuel Macron et Donald Trump à la Maison-Blanche lundi 24 février. Evelyn Hockstein
En marge de sa visite express à Washington, le président de la République s’est longuement confié à Paris Match sur sa relation avec son homologue américain «faite d’échanges très spontanés».
Quelle stratégie faut-il adopter face à Donald Trump ? Alors qu’Emmanuel Macron côtoie le milliardaire républicain depuis 2017, il a dû apprendre à appréhender, au fil des secousses internationales, son partenaire américain, dont le tempérament fougueux a désarçonné bon nombre de chefs d’État et de gouvernement lors de son premier mandat. En quelques années, rien ne semble avoir changé. De retour à la Maison-Blanche, Donald Trump donne à chacune de ses déclarations toujours autant de sueurs froides aux leaders européens.
En marge de son voyage express à Washington ce lundi, où il a rencontré le président des États-Unis pour aborder le dossier ukrainien, le chef de l’État s’est confié à Paris Match sur la relation qu’il a développée avec l’ancien magnat de l’immobilier «faite d’échanges très spontanés». Après que Donald Trump a vanté ses liens «spéciaux» avec le président français dans le Bureau ovale, ce dernier assure que les derniers jours ont été «utiles» pour la résolution du conflit entre Kiev et Moscou. «On s’est réengagés avec les Américains et nous avons resynchronisé nos agendas», se réjouit-il après le revirement surprise du président américain, qui est allé jusqu’à qualifier Volodymyr Zelensky de «dictateur». Un tournant géopolitique majeur qui a rapproché les États-Unis de la position de la Russie.
Considérant que le septuagénaire américain souhaite «la paix», ce qui est «utile dans le monde où l’on vit», Emmanuel Macron reconnaît que «l’élection» de Donald Trump «a conduit à une rupture» sur la scène internationale, en accélérant le processus de négociations avec la Russie. «Je ne fais pas partie des gens qui pensent que c’est une mauvaise chose qu’(il) reprenne le dialogue pour proposer une solution», affirme le président français. Si celui-ci assume des «désaccords» de taille avec Donald Trump, il assure parvenir «parfois à le convaincre». «Parfois pas», déplore-t-il aussitôt.
Il «crée de l’imprévisibilité»
Pour tenter ramener le républicain du côté de ses alliés européens, le président de la République a sa propre méthode. Première ligne de conduite : «Essayer de comprendre comment il (Donald Trump, NDLR) raisonne, partir de là plutôt que de lui imposer les choses. Et, surtout, ne jamais lui donner de leçons, ne pas lui dire ce qui est bien ou mal.» Autre conseil donné à ceux qui veulent engager un bras de fer avec le président américain : «Ne pas être faible. Quand on n’est pas d’accord, il faut le lui dire. C’est quelqu’un de logique. Il veut faire des deals. Il veut que les choses changent.»
Donald Trump a beau «créer de l’imprévisibilité», cet élément peut selon Emmanuel Macron «se révéler très efficace face à nos ennemis stratégiques». «Il a une forme d’impatience très utile dans son approche», poursuit le président de la République. Des compliments qui n’empêcheront pas Emmanuel Macron de rester vigilant sur le respect des promesses de son homologue américain : «Les messages sont passés. Mes objectifs sont remplis. Maintenant, la vie est longue. Ce n’est qu’à la fin qu’on fera les comptes.»
