J’ai lu quelque part cette question : Comment (Tidiane Thiam) le fils d’une mère ivoirienne (de culture Akan) peut-il être déclaré non ivoirien dans un pays où la tradition matriarcale est de mise?
Et moi je pose cette autre question : Comment (Karim Wade) le fils d’un père 100% sénégalais peut-il être déclaré non sénégalais dans un pays où le patriarcat est définitivement ancré ?
Aujourd’hui, si certains africains fustigent la mise à l’écart de Tidiane Thiam de la liste des candidats à l’élection présidentielle de Côte d’Ivoire, ces mêmes africains ont été sourds-muets devant l’exclusion de Karim Wade de la liste des candidates à l’élection présidentielle du Sénégal de 2024. Comment qualifier cette appréciation à géométrie variable ?
Et pourtant, le fond du problème reste le même. C’est la loi des hommes sur la question de la double nationalité qui balaie la loi de l’identité (ADN) culturelle.
Là où la Loi des hommes a refusé à Karim Wade d’être candidat à la présidentielle parce que sa mère est française, cette même Loi refuse à Tidiane Thiam d’être candidat parce qu’il a embrassé la nationalité française à une certaine période de sa vie. Et pourtant il est né ivoirien et sa mère est ivoirienne, tandis que son père est sénégalais, né au Sénégal avant d’être certainement naturalisé ivoirien.
Une question fondamentale se pose : Karim reste-il malgré tout “une pure identité culturelle sénégalaise”, même si sa mère est française ?
Idem pour Tidiane Thiam : reste-il malgré tout “une pure identité ivoirienne ” même s’il n’a eu la nationalité française qu’à partir de 1987?
Ces deux questions méritent d’être analysées non pas avec l’œil des calculs politiques ou économiques opportunistes mais avec l’esprit identitaire. Car ce n’est pas la nationalité qui détermine fondamentalement l’humain mais plutôt son identité (ADN) culturelle.
Le jour où cessera cette ambiguïté hypocrite sur la double nationalité qui n’est basée que sur des calculs opportunistes politiques et économiques, et que l’on se pose les véritables questions sur le rôle identitaire culturel des fils du continent dans la géopolitique mondiale, c’est en ce moment qu’amorcera le véritable développement du Continent et l’affirmation de notre réelle identité non pas nationale mais d’abord culturelle.
Car à vrai dire, qu’est-ce que la nationalité si elle ne fusionne pas véritablement avec l’enjeu identitaire culturel ? À quoi sert la première nationalité si une deuxième est acquise pour servir les intérêts économiques et politiques de celle-ci au détriment de la première ? La vraie nationalité n’est-elle celle qui joue en faveur de l’identité et du patrimoine culturel pour participer effectivement au développement de son pays de son continent ? 💖💖
En tant qu’africaine bon teint, ancrée dans mes valeurs africaines, ma deuxième nationalité française, américaine ou asiatique, doit-elle m’exclure des défis politiques (présidentiels) du continent?
Autres questions qui soulèvent l’ambiguïté de la bi-nationalité :
La Constitution sénégalaise dit : EST SÉNÉGALAIS, la personne mineure non mariée dont le père ou la mère a acquis la nationalité sénégalaise par naturalisation. Et si cette personne mineure était non pas africain mais un asiatique ou un occidental, pourrait-il un jour devenir président du Sénégal. Si non ? Pourquoi le peuple rejetterait-il sa candidature alors que la Constitution le reconnaît comme sénégalais ? Inversement, un mineur africain d’origine, dont la mère est naturalisée japonaise, pourra-t-il un jour devenir Président de la République du Japon ?
Dans ce cas précis, ne le lui rappellerait-on pas cet adage qui dit que : aussi longtemps qu’un tronc d’arbre restera au fond d’une marre, il ne deviendra jamais un crocodile ?
Acquérir une double nationalité est un DROIT FONDAMENTAL ET OPPORTUNISTE donc un bénéfice. Y renoncer l’est tout autant pour des raisons diverses. Mais à mon humble avis, l’enjeu principal n’est pas tant la bi-nationalité mais plutôt l’ADN culturel au service du développement.
Tidiane Thiam reste et restera ivoirien. Karim Wade est et restera sénégalais, quel que soit leur bi-nationalité.
Tous deux sont africains, comme nous le sommes TOUS, NOIRS BON TEINT. Donc la véritable question est, en quoi leurs ADN culturels et les nôtres participent-ils au développement économique et social de notre continent, de nos pays respectifs? Tout le reste est pur calcul politique concocté par la loi des hommes.
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PlumeCitoyenne
MaremKANTE
23 Avril 2025