L’eau est source de vie.
Sa disponibilité toute l’année est incontournable pour une agriculture sénégalaise performante.
L’accès à l’eau potable, partout sur le territoire national, est aussi un facteur essentiel de réduction de la pénibilité du travail ménager des femmes dans certains quartiers des banlieues de nos villes et dans le monde rural.
Pour rendre le monde rural attractif, pour rendre nos paysans et nos éleveurs riches, pour que l’aquaculture puisse se développer sans entrave, il faut une politique de rupture, une politique révolutionnaire qui rend disponible l’eau douze mois sur douze partout dans nos campagnes.
C’est la première condition afin d’atteindre la souveraineté alimentaire, le maintien accepté des populations dans les campagnes et d’amorcer un retour à la terre ou à l’élevage des populations urbaines.
La révolution de l’eau dans les campagnes sera conjuguée avec la révolution verte au Sénégal.
Il s’agira d’une vaste campagne de mobilisation citoyenne pour le reboisement du Sénégal.
La révolution verte mobilisera la jeunesse et toute la population, avec un encadrement des services des Eaux et Forets, pour reconstituer nos forêts et savanes, revitaliser le couvert végétal et débarrasser notre pays de la pollution plastique.
La révolution de l’eau, quant à elle, se réalisera grâce à la conjugaison de plusieurs actions. Elles seront soutenues par des études techniques et scientifiques, des études sur les retombées environnementales et des études socio-anthropologiques d’appropriation des populations.
Les principales actions seront au nombre de quatre.
1. La récupération des eaux de pluie
Nous construirons des bassins de rétention avec un revêtement de géo-membrane pour l’imperméabilision.
Ces bassins de rétention seront construits dans les campagnes particulièrement le Ferlo, le Baol, le Cayor, le Sîne, le Saloum, la Casamance et le Sénégal oriental.
Autour des villes, où chaque année nous notons des inondations, un dispositif performant l’évacuation des eaux sera mis en place pour rediriger cette eau vers des lacs artificiels construits aux abords de ces villes.
Ces lacs, qui seront ensemencés de poissons, permettront le développement des cultures de fruits, de légumes, l’élevage laitier et d’embouche bovine et ovine aux abords des grandes villes.
2. La construction de forages agricoles et d’élevage
Partout où les nappes phréatiques le permettent nous construirons des forages destinés à l’agriculture et à l’alimentation du bétail.
Évidemment cette politique sera accompagnée d’un dispositif d’irrigation économe en eau. Nous ferons la promotion du goutte à goutte, de la culture sous serre, en période de contre saison.
3. La revitalisation des vallées fossiles
À partir du Lac de Guiers ou du Fouta, après les études des hydrauliciens, des hydro-géologues,des géographes et des numericiens, nous procéderons à la réalisation du vaste chantier de revitalisation des vallées fossiles.
La revitalisation des vallées fossiles permettra un développement majeur de l’élevage, de l’agriculture et de l’aquaculture dans une grande partie du Djolof et du Ferlo.
4. Le réseau de grands canaux
Nous lancerons une vaste et impressionnante politique de construction de grands canaux pour transporter l’eau jusqu’à l’intérieur des terres pour le développement de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture et pour l’approvisionnement en eau potable des populations.
Parmi ces canaux nous pouvons citer:
– le Canal du Baol-Cayor-Sine. Ce canal passera à côté de Touba, Diourbel, Bambey et se terminera aux alentours de Fatick. Il permettra l’exploitation agricole de plusieurs dizaines de milliers d’hectares, l’alimentation en eau des populations et du bétail et la reforestation des zones traversées.
– le Canal de Gandiole. Ce canal aura une double fonction. Il permettra de lutter contre la salinisation progressive des terres depuis la création de la brèche de la Langue de Barbarie et de revitaliser les nappes phréatiques en bordure de l’Océan Atlantique.
– les canaux Maayo-Jeeri. Ces canaux seront construits à partir du Fleuve Sénégal pour transporter l’eau dans le Diéry. Ils permettront le développement de l’agriculture durant la saison sèche, de garder les prairies vertes tout le long de l’année et d’alimenter les bassins aquacoles qui seront construits. Ces canaux feront revivre le Diéry durant la saison sèche.
– les canaux Casamance-Gambie. Ces canaux seront construits à partir des fleuves Casamance et Gambie dans le département de Vélingara, les régions de Tambacounda et de Kédougou.
Cette politique volontariste sera menée grâce en partie à la mobilisation citoyenne patriotique des populations. Elle sera aussi réalisée grâce au Génie militaire qui sera renforcé. Enfin nous ferons appel au secteur privé national.
La résolution de la question de l’eau, du reboisement et de la reforestation sera un des chantiers les plus importants, les plus impressionnants et les plus vitaux de la transformation nationale que nous entreprendrons.
La finalité de cette politique révolutionnaire sera la disponibilité de l’eau partout, tout au long de l’année pour un Sénégal vert.
Dakar, lundi 14 août 2023
Prof Mary Teuw Niane