vote communautaire•L’élection de Zohran Mamdani à New York est marquée par un fort clivage religieux. Selon un sondage, la majorité des électeurs juifs ont soutenu son rival Cuomo
L’élection de Zohran Mamdani à la mairie de New York consacre un moment historique : pour la première fois, un musulman prendra la tête de la plus grande ville américaine. Mais derrière cette victoire symbolique, le scrutin révèle de profondes divisions au sein des communautés religieuses, et plus particulièrement parmi les électeurs juifs, selon un sondage CNN.
Selon le média, 63 % des électeurs juifs new-yorkais ont soutenu l’ancien gouverneur Andrew Cuomo (démocrate dissident), contre 33 % pour Zohran Mamdani. Ce dernier doit sa victoire à l’appui massif des électeurs sans affiliation religieuse, dont 75 % ont voté pour lui. Ces électeurs représentent désormais 24 % du corps électoral, derrière les catholiques (27 %) mais devant les protestants et autres chrétiens (21 %). Les juifs, eux, comptent pour 15 % des votants, un groupe influent, mais qui s’est donc montré prudent à l’égard du nouveau maire.
Entre espoir et inquiétude dans la communauté juive
En parallèle, Zohran Mamdani a également perdu le vote catholique : 53 % ont choisi Andrew Cuomo. Ce clivage religieux illustre les tensions qui traversent la ville, où la question israélo-palestinienne a fortement pesé sur la campagne. Comme le rapporte le New York Times, l’élection de Zohran Mamdani a divisé les dirigeants juifs new-yorkais. Certains ont salué un message d’ouverture et de réconciliation après des mois de campagne tendue. D’autres ont exprimé leur inquiétude face à un candidat qui a souvent dénoncé la politique israélienne et qualifié les actions à Gaza de « génocide », des propos perçus comme une provocation par une partie de la communauté.
Mercredi, le ministre israélien de la Diaspora, Amichaï Chikli, a appelé les juifs à quitter New York après l’élection de son nouveau maire. Sur X, il a affirmé que « la ville qui fut autrefois un symbole de liberté » avait remis ses clés à « un soutien du Hamas », estimant que New York « ne sera plus jamais la même » pour sa communauté juive.
De son côté, le nouveau maire a cherché à apaiser ces tensions, en promettant que la mairie serait un lieu de lutte contre l’antisémitisme et de protection de tous les citoyens, quelle que soit leur foi. Ces engagements font écho aux discussions qu’il a eues ces derniers mois avec plusieurs rabbins influents, soucieux de maintenir le dialogue.
Trump ravive les tensions communautaires
L’Union for Reform Judaism a appelé à « contribuer à apaiser les esprits, écouter avec bienveillance et prendre des mesures pour favoriser la réconciliation », tout en reconnaissant les divergences de fond. Mais des organisations plus conservatrices, comme l’Anti-Defamation League ou la UJA-Federation of New York, se montrent nettement plus réservées. Cité par le New York Times, Jonathan Greenblatt, directeur général de l’Anti-Defamation League a publié un communiqué dénonçant « le long et inquiétant passé du maire élu Mamdani sur des questions qui préoccupent profondément la communauté juive ».
Le scrutin dans la « Grande Pomme » a été largement commenté sur la scène politique nationale. Donald Trump a violemment attaqué le nouveau maire, traitant de « stupides » les électeurs juifs qui ont voté pour lui et qualifiant Zohran Mamdani de « haineux des Juifs ». Le président a même menacé, avant le vote, de suspendre certains financements fédéraux à la ville. Le futur maire a répondu à ces attaques en soulignant le climat d’islamophobie dans lequel s’est déroulée la campagne, affirmant que les accusations d’antisémitisme visaient autant sa religion que ses idées politiques.
Une victoire qui dépasse les frontières de New York
Cette élection, où se mêlent religion, identité et politique, symbolise un basculement générationnel. Elle montre en effet qu’une nouvelle frange de l’électorat progressiste – y compris au sein de la communauté juive – se montre réceptive à un discours centré sur la justice sociale et les droits des Palestiniens, sans pour autant renier son attachement à la lutte contre l’antisémitisme.





